vendredi 5 octobre 2012

Ghana | Eric Osiakwan, Wabco

Les visages de la nouvelle Afrique: Eric Osiakwan

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Ce billet est le premier de la série Les visages de la nouvelle Afrique par Claude Grunitzky.
AFRIQUE - La réussite économique de l'Afrique est sur toutes les bouches, et pourtant, on connait peu celles et ceux qui sont à l'oeuvre de ce grand changement.
En effet, beaucoup d'entrepreneurs Africains, issus de la diaspora, contribuent largement à ce succès. Ils ont décidé de rentrer au pays, quittant les crises économiques d'une Europe tourmentée ou d'une l'Amérique divisée. Leur rêve? Participer au développement du continent en imaginant des solutions pour une nouvelle Afrique grâce aux nouvelles technologies.
Pour comprendre l'Afrique qui gagne, il faut comprendre aussi les diasporas africaines au sens large.
Ces diasporas ont toujours suivi les innovations technologiques locales (M-Pesa au Kenya), mais leur passage, pour certains, par l'Europe et, surtout, l'Amérique et son écosystème entrepreneurial autour des grandes universités de la côte Est ou de la Silicon Valley, élargit leur périmètre d'appréciation.


Rencontre avec Eric Osiakwan
En mars dernier, j'ai rencontré, au Media Lab du MIT, à Cambridge (MA), un jeune entrepreneur Ghanéen qui avait l'air d'appartenir à ces élites des populations africaines de l'exil.
En tant que chercheur affilié au MIT, j'avais l'habitude de rencontrer des Africains souriants et ambitieux qui créaient des start-ups "orientées Afrique" aux Etats-Unis tout en profitant des ressources académiques et financières des universités américaines. J'ai demandé à Eric Osiakwan s'il avait l'intention de rentrer au Ghana un jour. Il m'a expliqué que même s'il avait passé beaucoup de temps au MIT et, surtout, à Harvard en tant que "Visiting Fellow" au Berkman Center for Internet and Society, il n'était que de passage aux États-Unis, et qu'il n'avait jamais imaginé sa vie ailleurs qu'en Afrique.
Je l'ai retrouvé à Lomé en juillet dernier, à la frontière ghanéenne, et nous avons passé une journée ensemble, après avoir réussi à éviter les passeurs transfrontaliers et les revendeuses de cartes SIM jusqu'à la plage de l'hôtel Mercure Sarakawa au bord de l'Atlantique.
L'e-commerce
Il m'a expliqué qu'il avait démarré sa carrière en classant les premiers contenus en ligne disponibles dans son pays, mais vue la charge liée à ce travail fastidieux, il a voulu tenter une aventure dans le commerce électronique en devenant le représentant pour l'Afrique de l'Ouest de Novica.com, un site dédié à la vente de produits artisanaux provenant du monde entier.
C'était en 2002, et les problèmes liés à la chaîne logistique et à l'acheminement par la poste de ces objets fabriqués par les artisans locaux l'ont convaincu que l'Afrique n'était pas encore prête pour l'e-commerce. En revanche, le business des fournisseurs d'accès à Internet (ISP) lui a paru plus intéressant, et il a décidé de se lancer en aidant au développement des portails Ghana.com et Africa Express.
Le business des fournisseurs d'accès
L'idée centrale: connecter l'Afrique au reste du monde. Il s'est également investi dans les fournisseurs d'accès comme Café Informatique au Togo et ISP Kenya.
En fondant la Ghana ISP Association puis la African ISP Association, il s'est rendu compte que les fournisseurs d'accès Internet principaux étaient tous étrangers et qu'il était paradoxal -et coûteux- qu'un mail envoyé vers un destinataire local à Accra, Lomé ou Nairobi transite par des serveurs situés en Europe et aux Etats-Unis.
Avec l'arrivée imminente de la fibre optique en Afrique, permettant un nouveau réseau de télécommunications à haut debit, il s'est dit qu'il lui fallait saisir cette nouvelle opportunité pour lancer sa nouvelle entreprise, baptisée WABco, pour West African Backhaul company.
WABco
Domicilée à Accra, WABco va miser sur le ciblage et la mise en contact d'utilisateurs d'Internet dans toute l'Afrique de l'Ouest. Avec l'appui de la Banque Mondiale et son approche résolument régionale, Eric Osiakwan a compris qu'il fallait s'adapter localement et donner la possibilité pour les internautes africains de communiquer plus rapidement entre eux, tout en développant leurs contenus locaux.
Le parcours d'Eric Osiakwan illustre bien celui de ces hommes de bonne volonté dans des pays d'Afrique qui sont en train de changer tous à une vitesse phénoménale selon des modèles en définition, montrant qu'une "nouvelle" Afrique se prépare.


Suivre Claude Grunitzky sur Twitter: www.twitter.com/claudegrunitzky

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